Il est 3 heures du matin et je ne dors pas.

Dans une aventure comme celle-là, il y a les grandes leçons que l’élève que je suis apprend avec plus ou moins de facilité, plus ou moins de volonté, et les moins grandes qui ne requièrent pourtant pas moins d’engagement.

Exemple ?

La largeur de son lit… Dans notre vie normale, quotidienne, dans cette existence que beaucoup ne remarquent même plus et qu’ils laissent filer entre leurs doigts engourdis d’habitudes, notre lit est large du besoin de confort que l’on s’est reconnu, c’est simple et carré voire rectangulaire dans le cas présent.

Lorsque l’on marche, loin de chez soi et de l’univers que l’on s’est construit, les lits sont étroits et à chaque fois que je me retourne, j’ai la désagréable impression de tomber alors je me réveille…

Rassurez-vous, la fatigue étant une force encore plus agissante que l’oreille interne, je vais finir, comme sur le Chemin de Compostelle, par domestiquer ces velléités XL pour moins bouger physiquement au profit d’une encore plus large évasion spirituelle.

Remarquable leçon, les plus beaux voyages se font, immobile, dans le secret de son âme

Pas très loin de cet étroit espace, un parking routier accueille son lot de camions, je les observe de ma fenêtre. Ce sont mes compagnons d’une nuit, ils sont aussi loin de chez eux et un destin imaginatif nous a fait nous côtoyer une nuit près de Ceva, Italie.

J’espère qu’ils dorment bien malgré que leur couche doit être encore plus spartiate que la mienne et qu’ils n’ont pas, eux, vraiment choisi d’être là ?

Autre leçon, ne jamais s’apitoyer sur son sort mais observer le monde et tenter d’être plus reconnaissant et moins égoïste…

Manu dort paisible dans le lit d’à côté, j’écoute sa respiration lente et profonde et cela m’émeut ; quelle chance d’être son père et d’être là, à cet instant !

Je vais à présent me rendormir, j’ai un lit, qu’importe sa largeur, il saura très bien accueillir les rêves que j’ai bien l’intention d’encore faire avant que nous nous remettions en marche…