Rome 2006

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mercredi 31 mai 2006

Jeudi 1er juin

12 ème étape – Cuneo => Mondovi soit 27,8 kilomètres = 35’695 pas (Cumulés = 352 kilomètres & 451’757 pas)

Il fallait bien que cela arrive un jour…

Michael et moi avions marché 2 mois en direction de Compostelle sans jamais partager notre chemin avec la pluie, il n’aura fallu que 12 jours pour que Rome fasse sentir sa différence ! L’Italie…

Réveil tôt à Cuneo pour découvrir un ciel plus que sombre : chagrin. Comme si la ville qui avait fait d’Edouard Michelin son citoyen d’honneur en 2003 souhaitait lui témoigner une dernière fois son affection.

Départ sous la pluie pour constater qu’il ne reste pas grand-chose des 30° d’il y a seulement 2 jours, le thermomètre n’affichant que 13°. Si nous avions su ce qui nous attendait, nous aurions considéré ce chiffre comme une bonne nouvelle…



Mais permettez-moi un bref retour en arrière afin de répondre à une demande particulière, celle de me voir et d’avoir une idée de notre régime alimentaire. Une simple photo prise mardi soir apportera une double réponse…



Notez qu’en prévision de l’étape de mercredi, j’aurais dû en manger 2 ! Car les lignes droites ont à nouveau été à notre menu du jour :



Et pour les moqueurs qui ont remarqué que je décrivais un trafic intense pour ne montrer que des routes vides, voilà une illustration de notre quotidien…



Notre marche de plus de 5 heures ne fut émaillée que de quelques « visions » de nature à me sortir de mes intenses réflexions. Sainte Anne toujours.



Ma belle Alice me manque tant que je la vois partout !



Un beau moulin avec une roue qui tournait… (Dédié à l’ami Serge !)



Une brève idée de ce qui nous attend demain et après-demain lorsqu’il nous faudra traverser les montagnes qui nous séparent encore de la mer.



Peu avant Mondovi, la confirmation que les 13° de Cuneo étaient une bonne nouvelle !



Une image juste pour Michael qui lui rappellera sans aucun doute la Galice…



Enfin Mondovi se dévoile, notre première marche sous la pluie est enfin terminée. J’espère qu’elle n’en annonce pas trop d’autres.



Les étapes qui se sont succédées n’étaient pas aisées, Manu est arrivé à Mondovi épuisé, cela fait d’ailleurs près de 3 heures qu’il dort ; j’en profite pour rédiger cette chronique et penser à demain, juste à demain…

Une aventure de cette nature a ceci de merveilleux qu’elle nous remet à notre juste place, celle de faibles êtres que 2 à 3 dizaines de kilomètres à marcher chaque jour va doucement mais sûrement laminer, jusqu’à ce que… l’essentiel émerge.

Et l’essentiel, n’en déplaise au si sympathique parrain d’un de mes fils qui dans un message récent pensait de son devoir de « m’informer qu’il existait de grands et confortables avions pour aller à Rome », n’est pas d’aller le plus loin et le plus vite possible mais bien d’apprendre à voyager à l’intérieur de soi…

Compostelle m’a fourni une clé, j’ai entrouvert la porte et…

A demain !

mardi 30 mai 2006

Mercredi 31 mai

11 ème étape – Demonte => Cuneo soit 27,4 kilomètres = 35’182 pas (Cumulés = 324,2 kilomètres & 416’062 pas)

Le mois de mai 2006 frôle la postérité lorsque nous sortons de nos vallées alpines… Le chemin, notre Chemin, pointe dorénavant vers la mer, le cap des 300 kilomètres a été franchi, comme celui des 400'000 pas, chiffres encourageants pour des rêveurs à pied.

Encouragements ! Nous en aurions bien eu besoin lors de cette étape que l’on peut résumer en 3 mots : des lignes droites…

Interminables, insipides et de plus inhospitalières tant la circulation automobile y était intense.

Le genre de moment que réserve une aventure comme celle-là lorsqu’elle souhaite insister sur l’absolue nécessité de l’intériorisation. Pas de salut hors de la réflexion, message reçu !

A votre tour de profiter de ces rectilignes…



Une autre ?



Vous exagérez, une de plus ?



Manu en situation



Une dernière, pour la route…



Sainte-Anne s’est à nouveau manifestée de multiples manières, en voilà un exemple :



La deuxième grande difficulté de la journée fut cette attaque massive de rhume des foins à laquelle nous avons dû faire face ! Manu et moi avons, au minimum, éternué des dizaines de fois, épuisant notre stock de mouchoirs en une seule journée. On se demande bien pourquoi ?



Nous sommes arrivés à Cuneo en plein marché, l’ambiance y était très sympathique.





Les stands sont innombrables et bien fréquentés…



Avant-dernière image, celle de la cathédrale Santa Maria Del Bosco, située à seulement quelques mètres de la place centrale.



La dernière photo sera celle d’un panneau d’avis mortuaires comme il y en a beaucoup par ici, la douceur de vivre ressentie à Cuneo est effectivement confirmée dans les faits…



Si vous ne parvenez pas à lire, les âges de décès indiqués sont 85, 93, 90 et 102 ans !

Nous sommes encore au mois de mai et nous arriverons normalement en juillet, je préfère ne pas y penser car l’épreuve ne fait encore que commencer et elle était loin d’être aisée aujourd’hui…

A demain

lundi 29 mai 2006

Mardi 30 mai

10 ème étape – Pietraporzio => Demonte soit 26,6 kilomètres = 34’154 pas (Cumulés = 296,8 kilomètres & 380’880 pas)

Nous nous immergeons tranquillement dans le Chemin de Rome. Départ vers 9h15 de Pietraporzio, village entourant une retenue d’eau qui ajoute une note bleue appréciée dans un environnement uniformément vert.



Les perspectives sont superbes





Depuis notre départ de la Cathédrale Sainte-Anne d’Apt, je croise sans cesse son nom de toutes les façons mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait la tendresse…La suite du chemin nous en dira sans doute plus.





Et ainsi de suite…

Nous nous sommes offerts une pause afin de visiter le Fort de Vinadio



Pause indispensable car à 11h00 le thermomètre affichait déjà 27° ! Il fit encore mieux dans l’après-midi…



Tout au fond de cette magnifique vallée, Cuneo nous attend.



Le balisage n’ayant aucun rapport avec celui de Compostelle (Ici inexistant), il est bon que de temps à autre, nous soyons réconfortés…



Pause déjeuner dans une « Gelateria » sortie de nulle part (La densité humaine est vraiment faible par ici et en plus les 2 ou 3 malheureux commerces ou cafés croisés étaient fermés !) où 2 panini, une bouteille d’eau minérale d’un litre et 2 glaces délicieuses (Panacota & chocolat) nous furent facturés 11,50 euros ! Si nous le pouvions, nous reviendrions…



Nous quittons lentement nos montagnes, il nous semble cependant toujours impossible de croire qu’à la fin de la semaine, nous serons au bord de la mer ! Il faut dire que ce qui nous entoure ne nous y aide pas.



Nous avons dormi dans la petite ville de Demonte qui abrite plusieurs églises, démonstration sans cesse renouvelée de la pitié italienne. Voici une vue intérieure de la Paroisse San Donato.



Je souhaite conclure par une pensée envers les milliers de personnes qui ont perdu la vie en Indonésie du fait du tremblement de terre. J’avais très récemment évoqué le réveil de la ceinture de feu ("Continuum" du 24 mai dernier) et je trouve inacceptable que cette connaissance scientifique qui progresse ne puisse toujours pas prévenir à temps les populations menacées, souvent d’ailleurs parmi les plus pauvres de la planète.

Ceci explique-t-il cela ?

A demain de Cuneo

dimanche 28 mai 2006

Dimanche 28 mai

9 ème étape – Col de Larche => Pietraporzio soit 18,3 kilomètres = 23’501 pas (Cumulés = 270,2 kilomètres & 346’726 pas)

Il fallait bien que cela arrive et que nous nous quittions…

Nous avons bien essayé de perdre tout le temps possible aussi bien sur la route que lors de notre déjeuner, rien n’y a fait, le Col de Larche a fini par être là, juste devant nous. Le moteur de la voiture s’est arrêté, les portières se sont ouvertes, le coffre aussi, nos sacs ont été sortis, endossés, les petits nous ont embrassé, Michael a fait de même et nous a accompagnés jusqu’au pied du panneau marquant la frontière pour nous prendre en photo.



J’ai serré ma belle dans mes bras, longtemps, mais j’ai bien dû partir…

Quelques mètres plus loin, un bruit de course m’a fait me retourner, c’était Alice qui revenait, ultimes baisers, promesses renouvelées, vrai départ.

Quelques photos pour illustrer notre marche du jour, sans commentaires parce que j’ai la gorge trop serrée…













A demain !

Retour au 23 avril

8 ème étape – Barcelonnette => Col de Larche soit 32,3 kilomètres = 41’480 pas (Cumulés = 251,9 kilomètres & 323’225 pas)

Bonheur et fierté !

A moins que ce ne soit fierté et bonheur…

Avoir terminé cette semaine « test » avec mes 2 aînés en haut du Col de Larche, quelle fierté par rapport à Manu qui a surmonté en 5 jours autant de dénivelé que l’ensemble de celui rencontré durant nos 1'500 kilomètres à Michael et moi vers Compostelle !

Quel bonheur d’avoir partagé ces journées et cette journée en particulier, tout était réuni pour qu’elle marque à jamais nos esprits et nos cœurs…

Déroulons ensemble le film de cette merveilleuse parenthèse hors du monde des hommes qui ne savent plus la chance qu’ils ont d’être ici bas, parce que de temps à autre lorsque la route s’élève elle chante à l’âme une musique qu’elle rend les pieds presque légers, hier le Chemin de Rome a commencé à écrire notre histoire commune.

Départ de Barcelonnette à 8h30



Traversée de cette bourgade étonnante dont une jambe est dans la Vallée de l’Ubaye et l’autre en Amérique du Sud grâce à l’aventure unique initiée en 1821 par les trois frères Arnaud partis chercher fortune au Mexique.

Leur réussite et le mouvement croisé de population qui en a résulté a créé une prospérité qui est plus que visible dans l’architecture d’une cité située à plus de 1'000 mètres d’altitude, plus agrémentée de belles et grandes maisons bourgeoises que de chalets…

Nous nous sommes lentement éloignés dans un environnement toujours magnifique



Passage par Jausiers et visite de son église « Saint Nicolas de Myre » construite au 17 ème siècle.



Les kilomètres accumulés rendent le paysage encore plus sauvage en pénétrant dans les hautes vallées de l’Ubaye





La capacité des habitants de ces lieux sauvages à construire dans des endroits impossibles est réellement impressionnante



A la sortie de la Condamine, nous nous trouvons face à un des ouvrages de la Ligne Maginot , le Fort de Tournoux, qui à l’aide de bâtiments fortifiés et de percements dans la roche a créé un ensemble inénarrable que les photos ne restituent que très partiellement





L’ascension continue…



Les premières plaques de neige au loin



La sempiternelle démonstration, toujours cruelle, que l’homme n’est généralement pas l’ami de la Nature



Arrivée à Meyronnes, dont la Chapelle dédiée à Saint-Ours rend notamment hommage à François de Meyronnes né dans ce village en 1285 et qui fut Maître en théologie de l’Université de Paris et Prédicateur à la cour Pontificale.



Poursuite de notre ascension et traversée de Larche. Village martyr entièrement détruit par les Allemands en 1944, y compris l’église…



La photo qui suit est spécialement destinée à Ophélie qui saura en faire le meilleur usage…



Lorsque nous marchons, nous croisons nombre de plaques commémoratives, par exemple dédiées à des militaires morts au combat ou à des victimes d’accident de la route, je les photographie systématiquement parce qu’une ou plusieurs vies se sont achevées à cet endroit précis et qu’il me semble de mon devoir, de notre devoir, d’en garder une trace…

En voici une située sur à Larche



La neige accentuait sa présence



Osant même quelques incursions…



Peu avant l’arrivée au Col de Larche, nous avons décidé avec les garçons que ce serait une excellente idée d’acheter la vallée qui s’ouvrait sur notre droite, tant l’Ubaye est exceptionnelle (Avis aux éventuelles personnes intéressées mais surtout désintéressées !)



Comme pour nous féliciter de notre enthousiasme, des marmottes ont sifflé notre passage !



Un quart d’heure plus tard, nous arrivions au Col et concluions ce « test » en portant en triomphe Manu dont la volonté est réellement remarquable, il l’a démontré une fois de plus.



Pour la première fois depuis que nous « pèlerinons » nous avons conclu une étape à un endroit dont nous ne repartirons pas ! En effet, notre périple s’est achevé au Col de Larche et nous nous remettrons en route du « Colle della Madalena » ; vous avez bien sûr tous compris qu’il s’agit des noms français et italien du lieu auquel nous avons donné rendez-vous pour notre grande traversée du mois de mai.

En guise de conclusion provisoire, j’aimerais égoïstement souligner l’immense plaisir ressenti à marcher avec mes 2 aînés ce dimanche, cheminer au milieu de cette Nature éclatante, sous ce soleil gorgé d’énergie printanière a auguré de la plus belle des façons notre future aventure romaine…

Que je vous aime !


samedi 27 mai 2006

Retour au 22 avril

7 ème étape – Le Lauzet Ubaye => Barcelonnette soit 21,7 kilomètres = 27’848 pas (Cumulés = 219,6 kilomètres & 281’745 pas)

Première journée frappée au coin de l’émotion sans que je puisse expliquer pourquoi, c’était comme ça !

Nous sommes partis relativement tard du Lauzet puisqu’il était près de 9 heures. Faute à la journée précédente qui avait été vraiment exigeante sur le plan physique, conséquences ? J’ai dormi 10 heures d’affilée de 21h30 à 7h30, j’ai été cependant largement battu par Manu qui a fermé les yeux à 17h30 pour ne les rouvrir, à mon initiative, que 14 heures plus tard…

Ceci donnant une idée de son engagement et de sa volonté durant nos longues heures de marche.

Revenons à notre étape et au superbe environnement qui l’a caractérisé :



Dès les premières minutes, mon esprit a été comme aspiré par un « ailleurs » particulièrement sensible dans lequel ma mère est toujours présente. La vision de Manu avançant avec courage et détermination ne faisant que rajouter à ce sentiment.



Les vallées succédaient les unes aux autres…





Participant à cette impression, une église apparut sur un piton rocheux



Un panneau indiquait « Eglise Saint-Jacques 13 ème siècle », je ne sais s’il s’agissait de celle entraperçue dans cette brume de chaleur peu avant mais cette référence au début de ma quête pédestre m’a fait plaisir.

Je me suis retourné et elle était à nouveau là…



L’eau était partout



Y compris sous la forme de fontaines enchâssées dans les murets de pierre qui bordent la route sur laquelle les voitures et camions dévalent à toute allure. J’y ai vu la preuve que ce chemin avait été fait par et pour l’homme… qui marche ! Le « Jacquet » que je suis, aspirant « Romieux » s’en est réjoui.



Toujours de l’eau…



Peu avant d’arriver à Barcelonnette, une vision curieuse permettait d’imaginer d’autres perspectives



Découverte d’une ville très sympathique dans laquelle le Carnaval débute aujourd’hui !





La rue principale et la place centrale portent le même nom, que rajouter ?



Peut-être évoquer la fantastique surprise préparée par Alice et Michael qui ont décidé de nous rejoindre samedi soir à Barcelonnette. J’ai donc retrouvé ma femme avec un jour d’avance et nous gravirons, Michael, Manu et votre serviteur ce dimanche le Col de Larche !



J’espère qu’il aura fait le bon choix car autant le dénivelé (Environ 1'000 mètres) que la distance (Dans les 35 kilomètres) promettent d’être intéressants…

Réponse demain ! Bon dimanche à tous

Retour au 21 avril

6 ème étape – Espinasse => Le Lauzet Ubaye soit 24 kilomètres = 30’906 pas (Cumulés = 197,9 kilomètres & 253’897 pas)

L’intitulé même de ces quelques jours contenait une ambiguïté potentiellement douloureuse ! Qualifier cette semaine de « test » a visiblement été compris par ce chemin comme l’obligation de nous faire endurer des dénivelés spectaculaires, peut-être pour éprouver notre motivation…

L’étape de vendredi nous en a donné une démonstration concrète, partis d’Espinasse après un petit-déjeuner très sympathique, nous nous attendions à une vingtaine de kilomètres majoritairement à plat.

Pouvions-nous être plus dans l’erreur ? Difficile…



Les perspectives n’ont cessé tout au long de la journée de gagner en majesté, voici donc l’album photo de nos montagnes russes de l’Ubaye… Empruntées après cette dernière image prise au niveau de la rivière



Nous sommes partis ce matin du village d’Espinasse que l’on aperçoit au fond à droite



Le barrage de Serre-Ponçon (Mis en eau en 1961, grande année…)



Manu devant une des innombrables cascades du jour



L’imagination au service du manque d’espace (Paradoxal lorsque l’on regarde autour de soi…)



La preuve



La même agrémentée…



Les perspectives s’élargissent encore



De plus en plus sauvage



Arrivés à notre étape en début d’après-midi, les incessants dénivelés positifs et négatifs nous avaient causé une telle fatigue qu’il nous a fallu une pizza géante et sa sœur pour nous requinquer…



A peine avalées, nous étions à nouveau débordants d’énergie et prêts à toutes les bêtises pour le démontrer



Mais ce soir (Soit au moment de la rédaction de cette chronique), je pense à quelqu’un qui mène sa dernière bataille dans un hôpital de Genève. Il s’appelle Gilbert Bisetti et a été un de mes premiers clients dans mon ancienne vie d’architecte.

Monsieur Bisetti m’avait confié la rénovation complète de son restaurant « Le Radar », qui est une véritable institution pour les Genevois. Ce faisant, il avait considérablement augmenté la visibilité de mon activité naissante et je lui en suis resté profondément reconnaissant.

Je lui dédie cette paisible image du « lac » du Lauzet



Je suis bien loin de lui physiquement mais mes pensées l’accompagnent, que notre sueur sache écrire en lettres de compassion les messages nécessaires à sa guérison…

A demain

vendredi 26 mai 2006

Retour au 20 avril

5 ème étape – Bayons => Espinasse soit 26,7 kilomètres = 34'248 pas (Cumulés = 173,9 kilomètres & 222’991 pas)

J’avais annoncé moins de kilomètres et plus de dénivelé, prévision confirmée par les montées et descentes rencontrées aussi bien que par nos pieds qui ont décidemment beaucoup de difficultés à comprendre qu’il s’agit d’une semaine test et qu’il serait agréable qu’ils cessent de nous faire tant souffrir…

Je retrouve l’effet « pèlerinage » qui m’avait permis de marcher 42 kilomètres jusqu’au sommet du Mont Ventoux sans douleur et d’avoir toutes les difficultés pour accomplir, à peine quelques jours plus tard, 25 kilomètres à plat cette fois sur le Chemin de Compostelle !

La différence ?

Le poids de la démarche du pèlerin qui se dépouille de tout ce qui faisait sa vie et qui peine à affronter la simplicité « biblique » de l’homme sur un chemin, la rencontre de soi avec un objectif basique en apparence, de partir d’un point pour arriver à un autre.

De partir de soi pour arriver peut-être à un autre soi, dans tous les cas de s’accompagner, de se tenir par la main sur la voie du changement, de l’accomplissement, de la révélation, de la découverte.

Alors, je serais celui-là ? Je pourrais être celui-ci ?

Les kilomètres ont, entre autres, cette vertu de nous laisser en tête à tête avec nous-même, cela représente pour certains un grand choc, tel que celui que j’ai vécu quelque part vers Berdun… Autre temps, autre lieu, mon regard pointe à présent vers la Ville Eternelle, récit imagé de notre étape de jeudi…

Départ de Bayons où nous avons dormi chez Annick et Daniel à l’enseigne du « Reduch », merci pour leur gentillesse



Un pèlerinage est avant tout une aventure intérieure, l’environnement apportant en permanence sa contribution



Rome, c’est vers le soleil levant, n’est-ce pas ?



L’âme humaine n’est-elle pas tortueuse ? La preuve par le chemin…



On culmine pour redescendre et bientôt remonter !



Au détour, la neige nous annonce qu’elle nous attend pour cette fin de semaine…



Passage par le village de Turriers



Une habitante (N° 3037) dubitative devant de drôles de pèlerins…



Ce n’est pas moi qui l’affirme !



Le vrai village de Bellaffaire…



La Nature avec un grand N (7 habitants au km2 pour le pays de la Motte-Turriers !)



Près de notre village étape du jour, le canal de Durance



Que pourrais-je rajouter ? J’ai commencé à désirer ce nouveau Chemin à peine celui de Compostelle achevé (Mais achève-t-on jamais le Chemin des Etoiles ?) même si je ne m’en rendais pas compte sur l’instant…

A peine franchie la Porte du Pardon de la Cathédrale de Santiago, d’autres portes intérieures demandaient à leur tour à être ouvertes, je ne suis pas encore capable de le faire mais j’ai ressenti si fort leur appel que je me suis remis en marche.

Ce chapitre romain me donne la merveilleuse opportunité de partager d’intenses moments avec mon homonyme de fils, quel bonheur !

Je n’oublie pas pour autant Michael mon extraordinaire compagnon de Compostelle, il a subi et accompagné la révélation vécue ; si nous y parvenons j’espère que nous pourrons, Michael, Manu et moi marcher ensemble les derniers kilomètres de l’arrivée à Rome.

Michael le mérite d’ores et déjà autant que nous le mériterons peut-être…

A demain

Retour au 19 avril 2006

4 ème étape – Sisteron => Bayons soit 31 kilomètres = (Cumulés = 147,2 kilomètres & 188'743 pas)

Un vrai chemin, cela se mérite…

Etait-ce pour me punir de ma présomption d’avoir anticipé dans ma chronique de la veille notre marche à venir que ma nuit de mardi à mercredi fut si agitée ? Impossible à dire mais « intéressant » à vivre !

Après avoir préparé nos sacs jusque vers 22h30, nous nous sommes mutuellement souhaités une bonne nuit, Manu et moi, la sienne fut peuplée d’affaires à ranger, la mienne de sueurs froides et d’étourdissements.

A tel point que je me suis permis de réveiller Alice vers 4h30 pour lui demander de faire quelque chose tant je me sentais mal. Un comprimé plus tard, je m’endormais enfin dans ses bras pour une longue nuit de 2 heures…

Superbe petit-déjeuner auquel je n’ai pas accordé toute l’attention qu’il méritait, concentré et inquiet que j’étais sur le retour de mes symptômes nocturnes, qui finalement ne se produisit pas. Au revoirs émus sur le parking de la gare routière.



2 heures plus tard, nous arrivions enfin où nous nous étions arrêtés en juillet, soit Sisteron, ne restait plus qu’à marcher ! Manu pouvait dire adieu à la citadelle



Les kilomètres commençaient à s’ajouter les uns aux autres, nous permettant des visions curieuses. Si les voies du Seigneur sont impénétrables, il semble que ce soit également le cas de la cave à Fernand !



Ce genre « d’aventure » est souvent l’occasion de rencontrer le meilleur des gens. Exemple avec le gîte de Baudinard de Bayons avec lequel j’étais en contact depuis un mois mais qui n’ouvrait finalement qu’en mai. Son propriétaire avait noté que nous devions passer aujourd’hui et a fait la route pour s’assurer que nous avions trouvé un hébergement, prêt à intervenir le cas échéant, bravo…



Nos 6 heures de marche ont été majoritairement rythmées par le torrent « le Sasse », agréable compagnie.



Mais, il me faut bien avouer que nous en avons bavé aujourd’hui ! Car, reprendre avec plus de 30 kilomètres presque tous en montée et sans rien manger entre le petit-déjeuner à 7h00 et le repas à 19h00 (La campagne étant absolument vide de toute possibilité de se sustenter…), rajoutez à cela le mal de dos et des pieds plus que sensibles et vous aurez une idée assez pertinente de notre mercredi.

Il serait cependant injuste de ne pas entrouvrir la fenêtre sur cette région superbe, en voilà donc quelques instantanés :









Avant de basculer sur demain qui représentera moins de kilomètres mais plus de dénivelé, j’aimerais féliciter Manu qui malgré des douleurs presque partout a non seulement refusé de faire du stop mais a même résisté à une charmante automobiliste qui s’est arrêtée d’elle-même et a fortement insisté pour nous emmener.

Rome augure bien avec un tel compagnon

A demain !

Retour au 27 juillet 2005

3 ème étape – Saint-Etienne-les Orgues => Sisteron soit 50,4 kilomètres = 64'627 pas

Que dire d’une telle journée ?

Qu’elle devait augurer une semaine à travers les Préalpes jusqu’à la frontière italienne et qu’elle a lentement mais sûrement changé sa coloration au fil des heures qui passaient ! Il est actuellement 3 heures du matin, je rédige cette chronique dans une chambre « d’hôtel » de Sisteron et je m’interroge sur le sens de notre expérience du jour…

Ma belle Alice nous a conduit à Saint-Etienne-les-Orgues ce matin afin d’y reprendre notre marche là où nous l’avions arrêtée, il y a une dizaine de jours. Le GR6 nous tend les bras mais la montée vers la Montagne de Lure est tout sauf une sinécure, avec une déclivité importante, les sacs se font lourds.



Après 2 heures de montée, nous parvenons à Notre Dame de Lure qui est en pleine restauration grâce à une extraordinaire équipe de bénévoles, l’endroit est magique





L’ascension reprend dans un sous-bois revêtu d’un douillet tapis de feuilles mortes, la lumière est remarquable



4 heures après notre départ, nous parvenons enfin au sommet et nous nous arrêtons pour déguster le pique-nique qui, entre autres, pèse dans notre dos depuis trop longtemps.





Nous reprenons peu après notre cheminement sur les crêtes pour atteindre le Col du Pas de la Graille et entamer une descente vertigineuse, pour ne pas dire dangereuse





Au détour du sentier, un champ de framboises nous réconforte, semblant nous récompenser des efforts déjà consentis



La longue descente reprend, la chaleur est si étouffante que nos réserves d’eau diminuent rapidement jusqu’à tomber à sec ! Le destin nous viendra-t-il en aide ? Le Jas des Bailles s’annonce alors avec l’étrange apparition d’une structure sur pilotis, qui n’est autre que la propre chambre du propriétaire de ce gîte d’étape qui nous réapprovisionne volontiers.



Non sans nous avoir fait goûter son sirop de menthe, fait « maison » à base de plantes du jardin. Il est vraiment dommage que les goûts et les odeurs soient impossibles à partager sur Internet car vous seriez conquis !

Dans la descente qui a repris, nous faisons de surprenantes rencontres qui nous prouvent qu’il n’est pas toujours aisé de repartir de ces contrées…



L’environnement est splendide





Mais mes chers garçons sont épuisés, le calcul de distance effectué avant notre départ s’avérant totalement erroné. Nous avions planifié une étape totale d’environ 35 kilomètres et nous découvrons en arrivant à Valbelle que nous avons déjà parcouru plus que cette distance.



Tout en ayant encore une quinzaine de kilomètres à marcher jusqu’à Sisteron ! Je propose donc à Michael et à Manu de faire du stop et de me laisser seul terminer l’étape, leurs visages défaits répondent pour eux. L’I-Pod offert par Dominique crée alors l’ambiance sonore, je lance l’appel appris sur le Chemin de Compostelle à mes habituels compagnons de galère et je poursuis mon périple avec une compagnie différente…

Le panorama devient exceptionnel !





Je vois bientôt passer Michael et Manu dans une voiture dont l’aimable conductrice me propose aussi de profiter, je décline poliment car j’ai enfin atteint l’état de délabrement physique qui fait que ce n’est plus le corps qui avance mais l’esprit, et on n’est jamais seul dans ces cas-là.

Il y a ceux qui marchent avec vous et ceux pour qui vous marchez… Arrivé à une intersection, 2 panneaux qui se regardent me donnent la mesure de l’étape du jour et de ce qui sera nécessaire à sa conclusion.



Dans une grande ligne droite, écrasée de soleil, où les voitures passent à toute allure je remarque cette stèle et réponds bien volontiers à sa demande…



Enfin, plus de 10 heures après avoir quitté Saint-Etienne-les Orgues, j’arrive enfin à Sisteron !



Retour au point de départ, notre « chambre » à l’hôtel de la Citadelle. Elle « bénéficie » d’une température que ne renierait pas un sauna finlandais, sa fenêtre donne sur une rue très accueillante puisque voitures, motos et piétons avec bruits de moteurs, klaxons et éclats de voix se disputent ses faveurs et m’empêchent absolument de dormir malgré mes 50 kilomètres de marche, un dénivelé « sympathique » et un épuisement quasi complet…

Les propriétaires de cet « hôtel » ne doivent apprécier ni les pèlerins, ni les marcheurs puisque des chambres donnant sur la Durance et donc sur le calme existent !

Je ne sais ce que je vais décider tout à l’heure, au lever du jour, mais à l’heure actuelle je me vois plutôt prendre un bus pour rentrer que tenter une nouvelle étape après celle d’hier ET une nuit blanche…

Le destin est décidemment très farceur, peut-être voulait-il que notre famille soit réunie cette semaine au lieu de me voir crapahuter dans les montagnes ?

Qui vivra verra !

A demain…

mardi 23 mai 2006

Mardi 23 mai = Retour au 19 juillet 2005

2 ème étape – Oppedette => Saint-Etienne les Orgues soit 34,2 kilomètres = 43'854 pas


Départ, dans la joie, de cette deuxième journée de marche vers 11h00 près du Canyon d’Oppedette


Il fait déjà chaud et la Mairie d’Oppedette nous offre quelques instants de douce fraîcheur

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Le village appartient définitivement à la catégorie des « perchés »



Peu avant de passer vers le camping de Valsaintes, les perspectives sont impressionnantes


Le chemin s’égaye en pleine forêt pour un moment très agréable, avec traversées de gués (A sec !) et autres passages sympathiques









La frondaison s’ouvre le temps d’une échappée lointaine



Pour retrouver son agréable protection contre une lourde chaleur



Les meilleures choses ayant une fin, nous « sortons » de notre carte IGN et sommes contraints d’emprunter le goudron qui n’apprécie que m
modérément le poids (Pourtant modéré…) de votre serviteur !



Nous passons près de Revest des Brousses



Pour remarquer que la Nature a des penchants curieux



Mais aussi une beauté incroyable







Une dizaine de kilomètres avant notre arrivée, nous avons eu un échange extraordinaire avec Manu qui m’a dit être convaincu qu’il « devait y avoir quelque chose après la mort » et m’a demandé mon avis. La profondeur des paysages qui nous entouraient plus la chaleur représentaient le meilleur écrin pour laisser s’exprimer librement nos convictions.

Quel privilège tout d’abord d’avoir des fils aussi fantastiques et de pouvoir partager de tels moments avec eux. Lorsque Manu m’a demandé de lui parler de ma mère qu’il n’a jamais connue puisqu’elle était décédée longtemps avant sa naissance, j’ai vraiment senti des liens invisibles se renouer à travers le temps et l’espace, là sur un chemin de Provence une grand-mère a sans doute eu pour la première fois un moment de tendresse avec son petit-fils…

Je vous jure que ce sont des instants inoubliables et fondateurs, c’est aussi cela la magie du chemin, donner aux pauvres mortels que nous sommes la chance d’entrevoir d’autres perspectives…



Plus de 7 heures après notre départ, nous arrivions enfin à Saint-Etienne les Orgues. Nous nous sommes immédiatement rendus à l’église afin de les admirer (Les orgues !), l’ambiance était…



merveilleuse mais d’orgues, il n’y avait point ! Il nous fallait l’explication… obtenue grâce à la charmante Elisabeth de l’Office du Tourisme, ici en compagnie de Manu,



toute la lumière allait enfin être faite sur le mystère des orgues disparues !

Il y a un millier d’années, 2 villages se faisaient face, seulement séparés par une rivière : la Laye. D’un côté, le village de Saint-Etienne de l’autre « Ausonica » devenu « Onègues » en provençal qui évoluera en « Orgues ».

Dévastée par la peste et les ravages de Raymond de Turenne (Sénéchal de Stanislas de Duras qui commit des atrocités en 1390), la région se dépeupla.

Lorsque les hommes revinrent, quelques années plus tard, ils choisirent de se regrouper autour de l’église et des 2 villages ancestraux de n’en faire plus qu’un !

Voilà pourquoi d’orgues, il n’y a pas ; avantageusement remplacés par la gentillesse et l’accueil de ce village sympathique, si vous vous trouvez dans les parages, je vous recommande un arrêt prolongé sur la place ombragée…

Nous allons à présent faire une pause de quelques jours afin de finaliser l’itinéraire de notre traversée vers l’Italie car le chemin promet d’être aussi superbe que difficile et je veux le préparer le mieux possible afin que Manu garde le meilleur souvenir de ces « amuse-bouches » avant le vrai grand départ de mai 2006.

Mais quel plaisir de vivre ces moments et de les partager avec vous !

A demain...

lundi 22 mai 2006

Lundi 22 mai = Retour à la 1ère étape

Dimanche 17 juillet 2005 - 1 ère étape – Apt => Oppedette soit 31,6 km = 40'520 pas


Pourquoi parler de première étape ? Le lieu de départ est le même que pour Compostelle mais l’aiguille de la boussole pointe plein Ouest alors que Santiago était à l’Est…

Rome !

Ce nouveau pèlerinage était programmé pour le mois de mai 2006 mais mon âme et mes semelles me démangeaient trop alors je n’ai pas résisté au plaisir de me laisser la liberté de parcourir quelques étapes durant cet été.

J’y reviendrai plus longuement lorsque, David Torondel et moi, aurons mis en ligne le journal dédié à cette nouvelle aventure…

Pour aujourd’hui, rien n’était prévu mais cela fait si longtemps que j’ai étudié l’itinéraire que lorsque j’ai « craqué », il n’y avait pas beaucoup de préparation à terminer avant de m’élancer !

Craqué ? Oui, devant la montagne de questions que ce Monde me pose, j’ai ressenti l’impérieux besoin d’aller en franchir quelques unes…

Le moment de mon départ n’était pas le plus judicieux puisque le Vaucluse était le département le plus chaud aujourd’hui et qu’à 13h00, je suis parti sans manger sous un soleil réellement très très chaud.

Au fond, très loin derrière ces montagnes, il y a l’Italie…



La magie du chemin est tout de suite palpable



Il a fait si chaud que le goudron fondait…



La tentation que ce « Saint Pierre » là soit le bon n’a pas duré car je sais à présent que c’est le chemin qui compte plus que le lieu d’arrivée



Bref rappel de la destinée générale



Le Colorado provençal



Gignac



Après seulement une vingtaine de kilomètres, on se sent déjà loin…



Le village de Viens sur son éperon rocheux (+ votre serviteur dans un autoportrait fatigué…)





Dans le village…







Saint Ferréol, actuellement occupé par une exposition de peinture !



Peu avant Oppedette…





Mission accomplie pour aujourd’hui, étant tombé en panne sèche (Eau !) à Viens, je me suis desséché en quelques kilomètres et, à la limite du malaise, ai interrompu cette première étape juste avant Oppedette ; mais quelque chose me dit que je vais y revenir rapidement avec Michael et Manu…

Je me réjouis, c’est merveilleux d’être à nouveau en chemin !

A demain

samedi 20 mai 2006

Dimanche 21 mai

Plus qu’une semaine…
Que faire lorsque l’on a plus qu’une semaine avant le grand départ pour une aussi « prometteuse » promenade ?
Réponse étonnante : on marche !
Une superbe évasion à travers les montagnes de Provence, entre crainte et impatience, dualisme encore et toujours…
Récit en images de ces 2 heures consacrées à l’entretien de notre forme, sorte de hors d’œuvre autant que plaisir des sens.
Clin d’œil d’ouverture au plus indispensable compagnon du marcheur au long cours : l’eau
Quelques couleurs…
Le même massif avec son personnel d’exploitation :
On termine comme on avait commencé, avec Manu :
Mon fils, dans une semaine jour pour jour, tu vas partir, quitter presque toute ta famille, tes amis, tes références, tes habitudes, ton confort… pour t’aventurer sur des routes inconnues sur lesquelles tu ne pourras compter que sur toi pour progresser, superbe expérience, difficile expérience.
Je te félicite de la tenter, je te remercie de le faire avec moi !
Bon dimanche et à demain