3 ème étape – Saint-Etienne-les Orgues => Sisteron soit 50,4 kilomètres = 64'627 pas

Que dire d’une telle journée ?

Qu’elle devait augurer une semaine à travers les Préalpes jusqu’à la frontière italienne et qu’elle a lentement mais sûrement changé sa coloration au fil des heures qui passaient ! Il est actuellement 3 heures du matin, je rédige cette chronique dans une chambre « d’hôtel » de Sisteron et je m’interroge sur le sens de notre expérience du jour…

Ma belle Alice nous a conduit à Saint-Etienne-les-Orgues ce matin afin d’y reprendre notre marche là où nous l’avions arrêtée, il y a une dizaine de jours. Le GR6 nous tend les bras mais la montée vers la Montagne de Lure est tout sauf une sinécure, avec une déclivité importante, les sacs se font lourds.



Après 2 heures de montée, nous parvenons à Notre Dame de Lure qui est en pleine restauration grâce à une extraordinaire équipe de bénévoles, l’endroit est magique





L’ascension reprend dans un sous-bois revêtu d’un douillet tapis de feuilles mortes, la lumière est remarquable



4 heures après notre départ, nous parvenons enfin au sommet et nous nous arrêtons pour déguster le pique-nique qui, entre autres, pèse dans notre dos depuis trop longtemps.





Nous reprenons peu après notre cheminement sur les crêtes pour atteindre le Col du Pas de la Graille et entamer une descente vertigineuse, pour ne pas dire dangereuse





Au détour du sentier, un champ de framboises nous réconforte, semblant nous récompenser des efforts déjà consentis



La longue descente reprend, la chaleur est si étouffante que nos réserves d’eau diminuent rapidement jusqu’à tomber à sec ! Le destin nous viendra-t-il en aide ? Le Jas des Bailles s’annonce alors avec l’étrange apparition d’une structure sur pilotis, qui n’est autre que la propre chambre du propriétaire de ce gîte d’étape qui nous réapprovisionne volontiers.



Non sans nous avoir fait goûter son sirop de menthe, fait « maison » à base de plantes du jardin. Il est vraiment dommage que les goûts et les odeurs soient impossibles à partager sur Internet car vous seriez conquis !

Dans la descente qui a repris, nous faisons de surprenantes rencontres qui nous prouvent qu’il n’est pas toujours aisé de repartir de ces contrées…



L’environnement est splendide





Mais mes chers garçons sont épuisés, le calcul de distance effectué avant notre départ s’avérant totalement erroné. Nous avions planifié une étape totale d’environ 35 kilomètres et nous découvrons en arrivant à Valbelle que nous avons déjà parcouru plus que cette distance.



Tout en ayant encore une quinzaine de kilomètres à marcher jusqu’à Sisteron ! Je propose donc à Michael et à Manu de faire du stop et de me laisser seul terminer l’étape, leurs visages défaits répondent pour eux. L’I-Pod offert par Dominique crée alors l’ambiance sonore, je lance l’appel appris sur le Chemin de Compostelle à mes habituels compagnons de galère et je poursuis mon périple avec une compagnie différente…

Le panorama devient exceptionnel !





Je vois bientôt passer Michael et Manu dans une voiture dont l’aimable conductrice me propose aussi de profiter, je décline poliment car j’ai enfin atteint l’état de délabrement physique qui fait que ce n’est plus le corps qui avance mais l’esprit, et on n’est jamais seul dans ces cas-là.

Il y a ceux qui marchent avec vous et ceux pour qui vous marchez… Arrivé à une intersection, 2 panneaux qui se regardent me donnent la mesure de l’étape du jour et de ce qui sera nécessaire à sa conclusion.



Dans une grande ligne droite, écrasée de soleil, où les voitures passent à toute allure je remarque cette stèle et réponds bien volontiers à sa demande…



Enfin, plus de 10 heures après avoir quitté Saint-Etienne-les Orgues, j’arrive enfin à Sisteron !



Retour au point de départ, notre « chambre » à l’hôtel de la Citadelle. Elle « bénéficie » d’une température que ne renierait pas un sauna finlandais, sa fenêtre donne sur une rue très accueillante puisque voitures, motos et piétons avec bruits de moteurs, klaxons et éclats de voix se disputent ses faveurs et m’empêchent absolument de dormir malgré mes 50 kilomètres de marche, un dénivelé « sympathique » et un épuisement quasi complet…

Les propriétaires de cet « hôtel » ne doivent apprécier ni les pèlerins, ni les marcheurs puisque des chambres donnant sur la Durance et donc sur le calme existent !

Je ne sais ce que je vais décider tout à l’heure, au lever du jour, mais à l’heure actuelle je me vois plutôt prendre un bus pour rentrer que tenter une nouvelle étape après celle d’hier ET une nuit blanche…

Le destin est décidemment très farceur, peut-être voulait-il que notre famille soit réunie cette semaine au lieu de me voir crapahuter dans les montagnes ?

Qui vivra verra !

A demain…