Rome 2006

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vendredi 26 mai 2006

Retour au 20 avril

5 ème étape – Bayons => Espinasse soit 26,7 kilomètres = 34'248 pas (Cumulés = 173,9 kilomètres & 222’991 pas)

J’avais annoncé moins de kilomètres et plus de dénivelé, prévision confirmée par les montées et descentes rencontrées aussi bien que par nos pieds qui ont décidemment beaucoup de difficultés à comprendre qu’il s’agit d’une semaine test et qu’il serait agréable qu’ils cessent de nous faire tant souffrir…

Je retrouve l’effet « pèlerinage » qui m’avait permis de marcher 42 kilomètres jusqu’au sommet du Mont Ventoux sans douleur et d’avoir toutes les difficultés pour accomplir, à peine quelques jours plus tard, 25 kilomètres à plat cette fois sur le Chemin de Compostelle !

La différence ?

Le poids de la démarche du pèlerin qui se dépouille de tout ce qui faisait sa vie et qui peine à affronter la simplicité « biblique » de l’homme sur un chemin, la rencontre de soi avec un objectif basique en apparence, de partir d’un point pour arriver à un autre.

De partir de soi pour arriver peut-être à un autre soi, dans tous les cas de s’accompagner, de se tenir par la main sur la voie du changement, de l’accomplissement, de la révélation, de la découverte.

Alors, je serais celui-là ? Je pourrais être celui-ci ?

Les kilomètres ont, entre autres, cette vertu de nous laisser en tête à tête avec nous-même, cela représente pour certains un grand choc, tel que celui que j’ai vécu quelque part vers Berdun… Autre temps, autre lieu, mon regard pointe à présent vers la Ville Eternelle, récit imagé de notre étape de jeudi…

Départ de Bayons où nous avons dormi chez Annick et Daniel à l’enseigne du « Reduch », merci pour leur gentillesse



Un pèlerinage est avant tout une aventure intérieure, l’environnement apportant en permanence sa contribution



Rome, c’est vers le soleil levant, n’est-ce pas ?



L’âme humaine n’est-elle pas tortueuse ? La preuve par le chemin…



On culmine pour redescendre et bientôt remonter !



Au détour, la neige nous annonce qu’elle nous attend pour cette fin de semaine…



Passage par le village de Turriers



Une habitante (N° 3037) dubitative devant de drôles de pèlerins…



Ce n’est pas moi qui l’affirme !



Le vrai village de Bellaffaire…



La Nature avec un grand N (7 habitants au km2 pour le pays de la Motte-Turriers !)



Près de notre village étape du jour, le canal de Durance



Que pourrais-je rajouter ? J’ai commencé à désirer ce nouveau Chemin à peine celui de Compostelle achevé (Mais achève-t-on jamais le Chemin des Etoiles ?) même si je ne m’en rendais pas compte sur l’instant…

A peine franchie la Porte du Pardon de la Cathédrale de Santiago, d’autres portes intérieures demandaient à leur tour à être ouvertes, je ne suis pas encore capable de le faire mais j’ai ressenti si fort leur appel que je me suis remis en marche.

Ce chapitre romain me donne la merveilleuse opportunité de partager d’intenses moments avec mon homonyme de fils, quel bonheur !

Je n’oublie pas pour autant Michael mon extraordinaire compagnon de Compostelle, il a subi et accompagné la révélation vécue ; si nous y parvenons j’espère que nous pourrons, Michael, Manu et moi marcher ensemble les derniers kilomètres de l’arrivée à Rome.

Michael le mérite d’ores et déjà autant que nous le mériterons peut-être…

A demain

Retour au 19 avril 2006

4 ème étape – Sisteron => Bayons soit 31 kilomètres = (Cumulés = 147,2 kilomètres & 188'743 pas)

Un vrai chemin, cela se mérite…

Etait-ce pour me punir de ma présomption d’avoir anticipé dans ma chronique de la veille notre marche à venir que ma nuit de mardi à mercredi fut si agitée ? Impossible à dire mais « intéressant » à vivre !

Après avoir préparé nos sacs jusque vers 22h30, nous nous sommes mutuellement souhaités une bonne nuit, Manu et moi, la sienne fut peuplée d’affaires à ranger, la mienne de sueurs froides et d’étourdissements.

A tel point que je me suis permis de réveiller Alice vers 4h30 pour lui demander de faire quelque chose tant je me sentais mal. Un comprimé plus tard, je m’endormais enfin dans ses bras pour une longue nuit de 2 heures…

Superbe petit-déjeuner auquel je n’ai pas accordé toute l’attention qu’il méritait, concentré et inquiet que j’étais sur le retour de mes symptômes nocturnes, qui finalement ne se produisit pas. Au revoirs émus sur le parking de la gare routière.



2 heures plus tard, nous arrivions enfin où nous nous étions arrêtés en juillet, soit Sisteron, ne restait plus qu’à marcher ! Manu pouvait dire adieu à la citadelle



Les kilomètres commençaient à s’ajouter les uns aux autres, nous permettant des visions curieuses. Si les voies du Seigneur sont impénétrables, il semble que ce soit également le cas de la cave à Fernand !



Ce genre « d’aventure » est souvent l’occasion de rencontrer le meilleur des gens. Exemple avec le gîte de Baudinard de Bayons avec lequel j’étais en contact depuis un mois mais qui n’ouvrait finalement qu’en mai. Son propriétaire avait noté que nous devions passer aujourd’hui et a fait la route pour s’assurer que nous avions trouvé un hébergement, prêt à intervenir le cas échéant, bravo…



Nos 6 heures de marche ont été majoritairement rythmées par le torrent « le Sasse », agréable compagnie.



Mais, il me faut bien avouer que nous en avons bavé aujourd’hui ! Car, reprendre avec plus de 30 kilomètres presque tous en montée et sans rien manger entre le petit-déjeuner à 7h00 et le repas à 19h00 (La campagne étant absolument vide de toute possibilité de se sustenter…), rajoutez à cela le mal de dos et des pieds plus que sensibles et vous aurez une idée assez pertinente de notre mercredi.

Il serait cependant injuste de ne pas entrouvrir la fenêtre sur cette région superbe, en voilà donc quelques instantanés :









Avant de basculer sur demain qui représentera moins de kilomètres mais plus de dénivelé, j’aimerais féliciter Manu qui malgré des douleurs presque partout a non seulement refusé de faire du stop mais a même résisté à une charmante automobiliste qui s’est arrêtée d’elle-même et a fortement insisté pour nous emmener.

Rome augure bien avec un tel compagnon

A demain !

Retour au 27 juillet 2005

3 ème étape – Saint-Etienne-les Orgues => Sisteron soit 50,4 kilomètres = 64'627 pas

Que dire d’une telle journée ?

Qu’elle devait augurer une semaine à travers les Préalpes jusqu’à la frontière italienne et qu’elle a lentement mais sûrement changé sa coloration au fil des heures qui passaient ! Il est actuellement 3 heures du matin, je rédige cette chronique dans une chambre « d’hôtel » de Sisteron et je m’interroge sur le sens de notre expérience du jour…

Ma belle Alice nous a conduit à Saint-Etienne-les-Orgues ce matin afin d’y reprendre notre marche là où nous l’avions arrêtée, il y a une dizaine de jours. Le GR6 nous tend les bras mais la montée vers la Montagne de Lure est tout sauf une sinécure, avec une déclivité importante, les sacs se font lourds.



Après 2 heures de montée, nous parvenons à Notre Dame de Lure qui est en pleine restauration grâce à une extraordinaire équipe de bénévoles, l’endroit est magique





L’ascension reprend dans un sous-bois revêtu d’un douillet tapis de feuilles mortes, la lumière est remarquable



4 heures après notre départ, nous parvenons enfin au sommet et nous nous arrêtons pour déguster le pique-nique qui, entre autres, pèse dans notre dos depuis trop longtemps.





Nous reprenons peu après notre cheminement sur les crêtes pour atteindre le Col du Pas de la Graille et entamer une descente vertigineuse, pour ne pas dire dangereuse





Au détour du sentier, un champ de framboises nous réconforte, semblant nous récompenser des efforts déjà consentis



La longue descente reprend, la chaleur est si étouffante que nos réserves d’eau diminuent rapidement jusqu’à tomber à sec ! Le destin nous viendra-t-il en aide ? Le Jas des Bailles s’annonce alors avec l’étrange apparition d’une structure sur pilotis, qui n’est autre que la propre chambre du propriétaire de ce gîte d’étape qui nous réapprovisionne volontiers.



Non sans nous avoir fait goûter son sirop de menthe, fait « maison » à base de plantes du jardin. Il est vraiment dommage que les goûts et les odeurs soient impossibles à partager sur Internet car vous seriez conquis !

Dans la descente qui a repris, nous faisons de surprenantes rencontres qui nous prouvent qu’il n’est pas toujours aisé de repartir de ces contrées…



L’environnement est splendide





Mais mes chers garçons sont épuisés, le calcul de distance effectué avant notre départ s’avérant totalement erroné. Nous avions planifié une étape totale d’environ 35 kilomètres et nous découvrons en arrivant à Valbelle que nous avons déjà parcouru plus que cette distance.



Tout en ayant encore une quinzaine de kilomètres à marcher jusqu’à Sisteron ! Je propose donc à Michael et à Manu de faire du stop et de me laisser seul terminer l’étape, leurs visages défaits répondent pour eux. L’I-Pod offert par Dominique crée alors l’ambiance sonore, je lance l’appel appris sur le Chemin de Compostelle à mes habituels compagnons de galère et je poursuis mon périple avec une compagnie différente…

Le panorama devient exceptionnel !





Je vois bientôt passer Michael et Manu dans une voiture dont l’aimable conductrice me propose aussi de profiter, je décline poliment car j’ai enfin atteint l’état de délabrement physique qui fait que ce n’est plus le corps qui avance mais l’esprit, et on n’est jamais seul dans ces cas-là.

Il y a ceux qui marchent avec vous et ceux pour qui vous marchez… Arrivé à une intersection, 2 panneaux qui se regardent me donnent la mesure de l’étape du jour et de ce qui sera nécessaire à sa conclusion.



Dans une grande ligne droite, écrasée de soleil, où les voitures passent à toute allure je remarque cette stèle et réponds bien volontiers à sa demande…



Enfin, plus de 10 heures après avoir quitté Saint-Etienne-les Orgues, j’arrive enfin à Sisteron !



Retour au point de départ, notre « chambre » à l’hôtel de la Citadelle. Elle « bénéficie » d’une température que ne renierait pas un sauna finlandais, sa fenêtre donne sur une rue très accueillante puisque voitures, motos et piétons avec bruits de moteurs, klaxons et éclats de voix se disputent ses faveurs et m’empêchent absolument de dormir malgré mes 50 kilomètres de marche, un dénivelé « sympathique » et un épuisement quasi complet…

Les propriétaires de cet « hôtel » ne doivent apprécier ni les pèlerins, ni les marcheurs puisque des chambres donnant sur la Durance et donc sur le calme existent !

Je ne sais ce que je vais décider tout à l’heure, au lever du jour, mais à l’heure actuelle je me vois plutôt prendre un bus pour rentrer que tenter une nouvelle étape après celle d’hier ET une nuit blanche…

Le destin est décidemment très farceur, peut-être voulait-il que notre famille soit réunie cette semaine au lieu de me voir crapahuter dans les montagnes ?

Qui vivra verra !

A demain…